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  • Négritude & BlackPower

    Les "zoos humains" Aimé CESAIRE : Fort-de-France/Paris/Fort-de-France Extrait d'un Cahier d'un retour au pays natal (1939) (exorde) Au bout du petit matin… Va-t’en, lui disais-je, gueule de flic, gueule de vache, va-t’en je déteste les larbins de l’ordre et les hannetons de l’espérance. Va-t’en mauvais gris-gris, punaise de moinillon. Puis je me tournais vers des paradis pour lui et les siens perdus, plus calme que la face d’une femme qui ment, et là, bercé par les effluves d’une pensée jamais lasse je nourrissais le vent, je délaçais les montres et j’entendais monter de l’autre côté du désastre, un fleuve de tourterelles et de trèfles de la savane que je porte toujours dans mes profondeurs à hauteur inverse du vingtième étage des maisons les plus insolentes et par précaution contre la force putréfiante des ambiances crépusculaires, arpentée nuit et jour d’un sacré soleil vénérien Au bout du petit matin bourgeonnant d’anses frêles les Antilles qui ont faim, les Antilles grêlées de petite vérole, les Antilles dynamitées d’alcool, échouées dans la boue de cette baie, dans la poussière de cette ville sinistrement échouées. Au bout du petit matin, l’extrême, trompeuse désolée eschare sur la blessure des eaux ; les martyrs qui ne témoignent pas ; les fleurs de sang qui se fanent et s’éparpillent dans le vent inutile comme des cris de perroquets babillards ; une vieille vie menteusement souriante, ses lèvres ouvertes d’angoisses désaffectées ; une vieille misère pourrissant sous le soleil, silencieusement ; un vieux silence crevant de pustules tièdes, l’affreuse inanité de notre raison d’être. Au bout du petit matin, sur cette plus fragile épaisseur de terre que dépasse de façon humiliante son grandiose avenir – les volcans éclateront, l’eau nue emportera les taches mûres du soleil et il ne restera plus qu’un bouillonnement tiède picoré d’oiseaux marins – la plage des songes et l’insensé réveil. Le discours contre le colonialisme (1955). Extraits. Il faudrait d’abord étudier comment la colonisation travaille à déciviliser le colonisateur, à l’abrutir au sens propre du mot, à le dégrader, à le réveiller aux instincts enfouis, à la convoitise, à la violence, à la haine raciale, au relativisme moral, et montrer que, chaque fois qu’il y a au Viet-Nam une tête coupée et un œil crevé et qu’en France on accepte, une fillette violée et qu’en France on accepte, un Malgache supplicié et qu’en France on accepte, il y a un acquis de la civilisation qui pèse de son poids mort, une régression universelle qui s’opère, une gangrène qui s’installe, un foyer d’infection qui s’étend et qu’au bout de tous ces traités violés, de tous ces mensonges propagés, de toutes ces expéditions punitives tolérées. de tous ces prisonniers ficelés et interrogés, de tous ces patriotes torturés, au bout de cet orgueil racial encouragé, de cette jactance étalée, il y a le poison instillé dans les veines de l’Europe, et le progrès lent, mais sûr, de l’ensauvagement du continent. (...) Colonisation : tête de pont dans une civilisation de la barbarie d’où, à n’importe quel moment, peut déboucher la négation pure et simple de la civilisation. (...) la colonisation, je le répète, déshumanise l’homme même le plus civilisé ; que l’action coloniale, l’entreprise coloniale, la conquête coloniale, fondée sur le mépris de l’homme indigène et justifiée par ce mé­pris, tend inévitablement à modifier celui qui l’entreprend ; que le colonisateur, qui, pour se donner bonne conscience, s’habitue à voir dans l’autre la bête, s’entraîne à le traiter en bête, tend objectivement à se transformer lui-­même en bête. C’est cette action, ce choc en retour de la colonisation qu’il importait de signaler. Discours sur le Colonialisme (1950) Discours de Dakar, 1966 https://journals.openedition.org/gradhiva/1604 La Négritude après CESAIRE Les commémorations 2013 en l'honneur de CESAIRE https://cache.media.eduscol.education.fr/file/Aime_Cesaire/13/0/Aime_Cesaire_dossier_integral_dec2013_292130.pdf Léopold SEDAR SENGHOR "femme noire" (Chants d'ombre, 1948) Femme nue, femme noire Vêtue de ta couleur qui est vie, de ta forme qui est beauté ! J’ai grandi à ton ombre ; la douceur de tes mains bandait mes yeux Et voilà qu’au coeur de l’Eté et de Midi, je te découvre, Terre promise, du haut d’un haut col calciné Et ta beauté me foudroie en plein coeur, comme l’éclair d’un aigle. Femme nue, femme obscure Fruit mûr à la chair ferme, sombres extases du vin noir, bouche qui fais lyrique ma bouche Savane aux horizons purs, savane qui frémis aux caresses ferventes du vent d’Est Tamtam sculpté, tamtam tendu qui grondes sous les doigts du vainqueur Ta voix grave de contralto est le chant spirituel de l’Aimée. Femme nue, femme obscure Huile que ne ride nul souffle, huile calme aux flancs de l’athlète, aux flancs des princes du Mali Gazelle aux attaches célestes, les perles sont étoiles sur la nuit de ta peau Délices des jeux de l’esprit, les reflets de l’or rouge sur ta peau qui se moire A l’ombre de ta chevelure, s’éclaire mon angoisse aux soleils prochains de tes yeux. Femme nue, femme noire Je chante ta beauté qui passe, forme que je fixe dans l’Eternel Avant que le Destin jaloux ne te réduise en cendres pour nourrir les racines de la vie. De l'autre côté de l'Atlantique Ralph ELLISON, Invisible man (1953) De CESAIRE à BARAKA Frantz FANON à partir de Frantz FANON présenté sur ce site académique martiniquais mais aussi sur la première chaîne publique martiniquaise La créolité: Raphael CONFIANT La créolité, pour une poétique de la relation: CHAMOISEAU incipit de Texaco (Goncourt 1992) Patrick Chamoiseau, Texaco (1992) EPÎTRE DE TI-CIRIQUE AU MARQUEUR DE PAROLES HONTEUX: « A écrire, l'on m'eût vu le crayon noble, pointant moult élégantes, de dignes messieurs, l'olympe du sentiment; l'on m'eût vu Universel, élevé à l'oxygène des horizons, exaltant d'un français plus français que celui des Français, les profondeurs du pourquoi de l'homme, de la mort, de l'amour et de Dieu; mais nullement comme tu le fais, encossé dans les nègreries de ta Créolité ou dans le fibrociment décrépi des murs de Texaco. Oiseau de Cham, excuse-moi, mais tu manques d'Humanisme - et surtout de grandeur. » RÉPONSE DU LAMENTABLE: Cher maître, littérature au lieu vivant est un à-prendre vivant... Dès son entrée dans Texaco, le Christ reçut une pierre dont l'agressivité ne fut pas surprenante. A cette époque, il faut le dire, nous étions tous nerveux: une route nommée Pénétrante Ouest avait relié notre Quartier au centre de l'En-ville. C'est pourquoi les gens-bien, du fond de leur voiture, avaient jour après jour découvert l'entassement de nos cases qu'ils disaient insalubres -et ce spectacle leur sembla contraire à l'ordre public. Mais s'ils nous regardaient, nous-mêmes les regardions. C'était un combat d'yeux entre nous et l'En­ ville dans une guerre bien ancienne. Et dans cette guerre, une trêve s'était rompue car la construction de cette route ne pouvait, à nos yeux, qu'annoncer une ultime descente policière de chaque jour, dans une ambiance nerveuse où le Christ apparut. Iréné, le pêcheur de requin, l'aperçut le premier. Puis Sonore, la câpresse aux cheveux blancs d’autre chose que de l'âge, le vit venir. Mais tout le monde n'eut vent de son apparition qu’avec Marie-Clémence dont la langue il est vrai est un journal télévisé. A le voir, il semblait un de ces agents de la mairie moderne, qui détruisaient les quartiers populaires pour les civiliser en clapiers d'achélèmes ou même de ces huissiers des vieux temps-la­ misère qui nous sommaient de disparaître. C'est sans doute pourquoi il reçut le coup de pierre et perdit sur le long de sa joue un petit sang coulant. Qui donc avait lancé la pierre? Les réponses à cette question furent tellement prolifiques que la vérité vraie nous échappa toujours. (…) De la cale négrière au "Tout-monde", CHAMOISEAU héritier d'Edouard GLISSANT JM BASQUIAT Black lives matter Slave auction (1982) Expo flv, 2018 Chris OFILI

  • René CHAR

    Fureur et Mystère, le grand recueil L'avant-propos des Feuillets d'Hypnos (à . CAMUS) Feuillets d’Hypnos. 1943-1944 A Albert Camus. Hypnos saisit l’hiver et le vêtit de granit. L’hiver se fit sommeil et Hypnos devint feu. La suite appartient aux hommes. Ces notes n’empruntent rien à l’amour de soi, à la nouvelle, à la maxime ou au roman. Un feu d’herbes sèches eût tout aussi bien été leur éditeur. La vue du sang supplicié en a fait une fois perdre le fil, a réduit à néant leur importance. Elles furent écrites dans la tension, dans la colère, la peur, l’émulation, le dégoût, la ruse, le recueillement furtif, l’illusion de l’avenir, l’amitié, l’amour. C’est dire combien elles sont affectées par l’événement. Ensuite plus souvent survolées que relues. Ce carnet pourrait n’avoir appartenu à personne tant le sens de la vie d’un homme est sousjacent à ses pérégrinations, et difficilement séparable d’un mimétisme parfois hallucinant. De telles tendances furent néanmoins combattues. Ces notes marquent la résistance d’un humanisme conscient de ses devoirs, discret sur ses vertus, désirant réserver l’inaccessible champ libre à la fantaisie de ses soleils, et décidé à payer le prix pour cela. Etude de l'avant-propos des Feuillets d'Hypnos Fragment 128 Hommage à Céreste (84) Le boulanger n’avait pas encore dégrafé les rideaux de fer de sa boutique que déjà le village était assiégé, bâillonné, hypnotisé, mis dans l’impossibilité de bouger. Deux compagnies de S.S. et un détachement de miliciens le tenaient sous la gueule de leurs mitrailleuses et de leurs mortiers. Alors commença l’épreuve. Les habitants furent jetés hors des maisons et sommés de se rassembler sur la place centrale. Les clés sur les portes. Un vieux, dur d’oreille, qui ne tenait pas compte assez vite de l’ordre, vit les quatre murs et le toit de sa grange voler en morceaux sous l’effet d’une bombe. Depuis quatre heures j’étais éveillé. Marcelle était venue à mon volet me chuchoter l’alerte. J’avais reconnu immédiatement l’inutilité d’essayer de franchir le cordon de surveillance et de gagner la campagne. Je changeai rapidement de logis. La maison inhabitée où je me réfugiai autorisait, à toute extrémité, une résistance armée efficace. Je pouvais suivre de la fenêtre, derrière les rideaux jaunis, les allées et venues nerveuses des occupants. Pas un des miens n’était présent au village. Cette pensée me rassura. À quelques kilomètres de là, ils suivraient mes consignes et resteraient tapis. Des coups me parvenaient, ponctués d’injures. Les S.S. avaient surpris un jeune maçon qui revenait de relever des collets. Sa frayeur le désigna à leurs tortures. Une voix se penchait hurlante sur le corps tuméfié : « Où est-il ? Conduis-nous », suivie de silence. Et coups de pied et coups de crosse de pleuvoir. Une rage insensée s’empara de moi, chassa mon angoisse. Mes mains communiquaient à mon arme leur sueur crispée, exaltaient sa puissance contenue. Je calculais que le malheureux se tairait encore cinq minutes, puis, fatalement, il parlerait. J’eus honte de souhaiter sa mort avant cette échéance. Alors apparut jaillissant de chaque rue la marée des femmes, des enfants, des vieillards, se rendant au lieu de rassemblement, suivant un plan concerté. Ils se hâtaient sans hâte, ruisselant littéralement sur les S.S., les paralysant « en toute bonne foi ». Le maçon fut laissé pour mort. Furieuse, la patrouille se fraya un chemin à travers la foule et porta ses pas plus loin. Avec une prudence infinie, maintenant des yeux anxieux et bons regardaient dans ma direction, passaient comme un jet de lampe sur ma fenêtre. Je me découvris à moitié et un sourire se détacha de ma pâleur. Je tenais à ces êtres par mille fils confiants dont pas un ne devait se rompre. J’ai aimé farouchement mes semblables cette journée-là, bien au-delà du sacrifice. Hommage de Céreste Feuillet 178 Pour en savoir plus sur le recueil Fureur et mystère http://www.gallimard.fr/Footer/Ressources/Entretiens-et-documents/Histoire-d-un-livre-Fureur-et-mystere-de-Rene-Char/(source)/183420 Radio "ça ne peut pas faire de mal" France inter, Guillaume GALLIENNE de la Comédie Française Recueil Les matinaux (1950) "L'adolescent souffleté" (Les Matinaux, 1950) Les mêmes coups qui l’envoyaient au sol le lançaient en même temps loin devant sa vie, vers les futures années où, quand il saignerait, ce ne serait plus à cause de l’iniquité d’un seul. Tel l’arbuste que réconfortent ses racines et qui presse ses rameaux meurtris contre son fût résistant, il descendait ensuite à reculons dans le mutisme de ce savoir et dans son innocence. Enfin il s’échappait, s’enfuyait et devenait souverainement heureux. Il atteignait la prairie et la barrière des roseaux dont il cajolait la vase et percevait le sec frémissement. Il semblait que ce que la terre avait produit de plus noble et de plus persévérant, l’avait, en compensation, adopté. Il recommencerait ainsi jusqu’au moment où, la nécessité de rompre disparue, il se tiendrait droit et attentif parmi les hommes, à la fois plus vulnérable et plus fort. Correspondance CHAR est l'auteur d'une abondante correspondance, éditée chez GALLIMARD, avec Albert CAMUS (directeur de collection chez Gallimard et qui a donc édité CHAR) ou Paul CELAN pour les plus célèbres. et Albert CAMUS, de nouveau à René CHAR en 1951 Mon cher René, Je suppose que vous avez maintenant reçu L'Homme révolté. La sortie en a été un peu retardée par des embarras d'imprimerie. Naturellement, je réserve pour votre retour un autre exemplaire, qui sera le bon. Bien avant que le livre soit sorti, les pages sur Lautréamont, parues dans les Cahiers du Sud, ont suscité une réaction particulièrement sotte et naïve, et qui se voulait méchante de Breton. Décidément, il n'en finira jamais avec le collège. J'ai répondu, sur un autre ton, et seulement parce que les affirmations gratuites de Breton risquaient de faire passer le livre pour ce qu'il n'était pas. Ceci pour vous tenir au courant de l'actualité bien parisienne, toujours aussi frivole et lassante, comme vous le voyez. Je le ressens de plus en plus, malheureusement. D'avoir expulsé ce livre m'a laissé tout vide, et dans un curieux état de dépression « aérienne ». Et puis une certaine solitude... Mais ce n'est pas à vous que je peux apprendre cela. J'ai beaucoup pensé à notre dernière conversation, à vous, à mon désir de vous aider. Mais il y a en vous de quoi soulever le monde. Simplement, vous recherchez, nous recherchons le point d'appui. Vous savez du moins que vous n'êtes pas seul dans cette recherche. Ce que vous savez peut-être mal c'est à quel point vous êtes un besoin pour ceux qui vous aiment et, qui sans vous, ne vaudraient plus grand chose. Je parle d'abord pour moi qui ne me suis jamais résigné à voir la vie perdre de son sens, et de son sang. A vrai dire, c'est le seul visage que j'aie jamais connu à la souffrance. On parle de la douleur de vivre. Mais ce n'est pas vrai, c'est la douleur de ne pas vivre qu'il faut dire. Et comment vivre dans ce monde d'ombres ? Sans vous, sans deux ou trois êtres que je respecte et chéris, une épaisseur manquerait définitivement aux choses. Peut-être ne vous ai-je pas assez dit cela, mais ce n'est pas au moment où je vous sens un peu désemparé que je veux manquer à vous le dire. Il y a si peu d'occasions d'amitié vraie aujourd'hui que les hommes en sont devenus trop pudiques, parfois. Et puis chacun estime l'autre plus fort qu'il n'est, notre force est ailleurs, dans la fidélité. C'est dire qu'elle est aussi dans nos amis et qu'elle nous manque en partie s'ils viennent à nous manquer. C'est pourquoi aussi, mon cher René, vous ne devez pas douter de vous, ni de votre œuvre incomparable : ce serait douter de nous aussi et de tout ce qui nous élève. Cette lutte qui n'en finit plus, cet équilibre harassant (et à quel point j'en sens parfois l'épuisement !) nous unissent, quelques-uns, aujourd'hui. La pire chose après tout serait de mourir seul, et plein de mépris. Et tout ce que vous êtes, ou faites, se trouve au-delà du mépris. Revenez bien vite, en tous cas. Je vous envie l'automne de Lagnes, et la Sorgue, et la terre des Atrides. L'hiver est déjà là et le ciel de Paris a déjà sa gueule de cancer. Faites provisions de soleil et partagez avec nous. Très affectueusement à vous A.C. L’Isle-sur-Sorgue 19 mars [19]62 Cher Paul Celan Votre dernière lettre voici un mois a renforcé encore, s’il était possible, mon amitié pour vous. Mais à votre différence, je ne suis plus tourmenté par ces mêmes-gens qui vous accablent de leurs harcèlements, j’ai creusé depuis quelques années une voie dans laquelle ils s’engouffrent, voie qui donne sur un vide à leur mesure. Croyant m’abattre, ils se tuent... Et ce passage qu’ils appellent « cœur de chat », « Char hermétique », etc. (je ne tarderai pas à devenir un poète moyenâgeux, ou encore, épuisé) fait immanquablement mouvement à l’aide de ses sables, mais ne peut que longer ce qu’il a bien fallu que mon existence d’homme devienne : une vie feutrée. C’est le revers de la poésie, cette haine qui accompagne ceux qui la portent. Les nazis et les lâches, les circonstanciels et les insouciants, les très-sûrs d’eux et les politiques de crèche, voilà la pâte avec laquelle se pétrit le pain que l’on voudrait nous obliger à manger. Non. Si je n’éprouvais de terribles épreuves humaines trop souvent, et plus que je n’en puis supporter, mon problème d’énigme parmi les haineuses fausses énigmes, ne m’apparaîtrait plus comme essentiel. Permettez-moi de vous souhaiter bientôt une bonne couche de neige là où se sont multipliés près de vous les pas infects. Je vous serre la main. Votre ami René Char La recherche de la base et du sommet (1955) Premier billet à Francis CUREL (1941) (…) Après le désastre, je n'ai pas eu le cœur de rentrer dans Paris. A peine si je puis m'appliquer ici, dans un lointain que j'ai choisi, mais que je trouve encore trop peu à proximité des allées et venues des visages résignés à eux-mêmes et aux choses. Certes, il faut écrire des poèmes, tracer avec de l’encre silencieuse la fureur et les sanglots de notre humeur mortelle, mais tout ne doit pas se borner là. Ce serait dérisoirement insuffisant. Je te recommande la prudence, la distance. Méfie-toi des fourmis satisfaites. Prends garde à ceux qui s'affirment rassurés parce qu'ils pactisent. Ce n'est pas toujours facile d'être intelligent et muet, contenu et révolté. Tu le sais mieux que personne. Regarde, en attendant, tourner les dernières roues sur la Sorgue. Mesure la longueur chantante de leur mousse. Calcule la résistance délabrée de leur planche. Confie-toi à voix basse aux eaux sauvages que nous aimons. Ainsi tu seras préparé à la brutalité, notre brutalité qui va commencer à s'afficher hardiment...Est-ce la porte de notre fin obscure, demandais-tu ? Non. Nous sommes dans l'inconcevable, mais avec des repères éblouissants.

  • Albert CAMUS

    Cf. le dossier LUMNI sur CAMUS: https://www.lumni.fr/dossier/albert-camus Présence de Camus (1960-2020) Extrait d'Entrée libre, programme télévisuel de France5 Extrait du programme radiophonique Les chemins de la philosophie L'enfant de Belcourt Extrait du Premier homme (1960, éd. 1994) Un enfant n’est rien par lui-même,ce sont ses parents qui le représentent. C’est par eux qu’il se définit, qu’il est défini aux yeux du monde. C’est à travers eux qu’il se sent jugé vraiment, c’est-à-dire jugé sans pouvoir faire appel, et c’est ce jugement du monde que Jacques venait de découvrir et, avec lui, son propre jugement sur le mauvais cœur qui était le sien. (...) un dur et mauvais orgueil qui l’aida au moins en cette circonstance,lui fit écrire d’une plume ferme “domestique” sur l’imprimé,qu’il porta avec un visage fermé au répétiteur qui n’y prit même pas garde. Avec tout cela, Jacques ne désirait nullement changer d’état ni de famille, et sa mère telle qu’elle était demeurait ce qu’il aimait le plus au monde, même s’il l’aimait désespérément. Comment faire comprendre d’ailleurs qu’un enfant pauvre puisse avoir parfois honte sans jamais rien envier? Le Méditerranéen lyrique et épicurien celui de Noces (1949): retour à Tipaza (1938) Tipaza, Ouest d'Alger, le littoral de l'enfance Je comprends ici ce qu'on appelle gloire: le droit d'aimer sans mesure. Il n'y a qu'un seul amour dans ce monde. Étreindre un corps de femme, c'est aussi retenir contre soi cette joie étrange qui descend du ciel vers la mer. Tout à l'heure, quand je me jetterai dans les absinthes pour me faire entrer leur parfum dans le corps, j'aurai conscience, contre tous les préjugés, d'accomplir une vérité qui est celle du soleil et sera aussi celle de ma mort. Dans un sens, c'est bien ma vie que je joue ici, une vie à goût de pierre chaude, pleine de soupirs de la mer et des cigales qui commencent à chanter maintenant. La brise est fraîche et le ciel bleu. J'aime cette vie avec abandon et veux en parler avec liberté: elle me donne l'orgueil de ma condition d'homme. Pourtant, on me l'a souvent dit : il n'y a pas de quoi être fier. Si, il Y a de quoi: ce soleil, cette mer, mon cœur bondissant de jeunesse, mon corps au goût de sel et l'immense décor où la tendresse et la gloire se rencontrent dans le jaune et le bleu. C'est à conquérir cela qu'il me faut appliquer ma force et mes ressources. Tout ici me laisse intact, je n'abandonne rien de moi-même, je ne revêts aucun masque: il me suffit d'apprendre patiemment la difficile science de vivre qui vaut bien tout leur savoir vivre. À Tipasa, je vois équivaut à je crois, et je ne m'obstine pas à nier ce que ma main peut toucher et mes lèvres caresser. Je n'éprouve pas le besoin d'en faire une œuvre d'art, mais de raconter ce qui est différent. Tipasa m'apparaît comme ces personnages qu'on décrit pour signifier indirectement un point de vue sur le monde. Comme eux, elle témoigne, et virilement. Elle est aujourd'hui mon personnage et il me semble qu'à le caresser et le décrire, mon ivresse n'aura plus de fin. Il y a un temps pour vivre et un temps pour témoigner de vivre. L'absurde dans Caligula (1944), IV, sc.14 (quasi fin du monologue de Caligula) Tout a l'air si compliqué. Tout est si simple pourtant. Si j'avais eu la lune, si l'amour suffisait, tout serait changé. Mais où étancher cette soif ? Quel cœur, quel dieu auraient pour moi la profondeur d'un lac ? (S'agenouillant et pleurant.) Rien dans ce monde, ni dans l'autre, qui soit à ma mesure. Je sais pourtant, et tu le sais aussi (il tend les mains vers le miroir en pleurant), qu'il suffirait que l'impossible soit. L'impossible! Je l'ai cherché aux limites du monde, aux confins de moi-même. J'ai tendu mes mains (criant), je tends mes mains et c'est toi que je rencontre, toujours toi en face de moi, et je suis pour toi plein de haine. Je n'ai pas pris la voie qu'il fallait, je n'aboutis à rien. Ma liberté n'est pas la bonne. Hélicon! Hélicon ! Rien ! Rien encore. Oh, cette nuit est lourde ! Hélicon ne viendra pas : nous serons coupables à jamais ! Cette nuit est lourde comme la douleur humaine. relecture du concept par Raphaël ENTHOVEN L'artiste engagé extrait du Discours de Suède (1957) Par Raphael ENTHOVEN La peste comme allégorie Extrait du roman La Peste, 1e partie (1947) 4. La peste (1947), première partie Le mot de « peste » venait d'être prononcé pour la première fois. À ce point du récit qui laisse Bernard Rieux derrière sa fenêtre, on permettra au narrateur de justifier l'incertitude et la surprise du docteur, puisque, avec des nuances, sa réaction fut celle de la plupart de nos concitoyens. Les fléaux, en effet, sont une chose commune, mais on croit difficilement aux fléaux lorsqu'ils vous tombent sur la tête. Il y a eu dans le monde autant de pestes que de guerres. Et pourtant pestes et guerres trouvent les gens toujours aussi dépourvus. Le docteur Rieux était dépourvu, comme l'étaient nos concitoyens, et c'est ainsi qu'il faut comprendre ses hésitations. C'est ainsi qu'il faut comprendre aussi qu'il fut partagé entre l'inquiétude et la confiance. Quand une guerre éclate, les gens disent : « Ça ne durera pas, c'est trop bête. » Et sans doute une guerre est certainement trop bête, mais cela ne l'empêche pas de durer. La bêtise insiste toujours, on s'en apercevrait si l'on ne pensait pas toujours à soi. Nos concitoyens à cet égard étaient comme tout le monde, ils pensaient à eux-mêmes, autrement dit, ils étaient humanistes : ils ne croyaient pas aux fléaux. Le fléau n'est pas à la mesure de l'homme, on se dit donc que le fléau est irréel, c'est un mauvais rêve qui va passer. Mais il ne passe pas toujours et, de mauvais rêve en mauvais rêve, ce sont les hommes qui passent, et les humanistes, en premier lieu, parce qu'ils n'ont pas pris leurs précautions. Nos concitoyens n'étaient pas plus coupables que d'autres, ils oubliaient d'être modestes, voilà tout, et ils pensaient que tout était encore possible pour eux, ce qui supposait que les fléaux étaient impossibles. Ils continuaient de faire des affaires, ils préparaient des voyages et ils avaient des opinions. Comment auraient-ils pensé à la peste qui supprime l'avenir, les déplacements et les discussions ? Ils se croyaient libres et personne ne sera jamais libre tant qu'il y aura des fléaux. Extraits lus par Anouk GRINBERG, invitée Aurélie PALUD, Dr en littérature comparée (cf. https://www.lemonde.fr/livres/article/2020/03/21/aurelie-palud-la-litterature-devrait-nous-aider-a-ne-pas-ceder-a-des-pulsions-qui-risquent-de-faire-le-jeu-de-l-epidemie_6033961_3260.html ) Cycle de la révolte Extrait de L'homme révolté (1956) Révolte ou révolution? par Arno MUNSTER, prof. Univ. Picardie A propos de CAMUS La biographie de CAMUS Présentation de Camus, une vie (Gallimard, 2009) d' Olivier TODD par Olivier BARROT pour FR3 CAMUS des mots à l'image José MUNOZ illustre et fait vivre l'Etranger en noir et blanc (Futuropolis/Gallimard, 2012)

  • La lecture linéaire

    Le retour en grâce de la lecture linéaire Désormais (sept.2019) les élèves et le professeur pratiqueront, en vue de l'épreuve orale, un commentaire linéaire du texte, en s'interrogeant au fil de la lecture, et en suivant le rythme, le mouvement impulsé par le texte littéraire: le cheminement dans le sens du texte s'élabore progressivement, en suivant le texte. Bien-sûr le texte reste problématisé (il y a bien un fil conducteur, une ligne de force qui traverse le texte, le justifie et qu'on doit, en tant que commentateur, mettre en valeur), mais l'explication linéaire suit le texte, sans le souci de devoir en plus rechercher une armature en forme de plan d'étude (le fameux "plan" d'explication en parties et sous-parties qui ajoutait à la compréhension du texte un défi formel, celui de bâtir une explication comme figée dans son architecture), comme cela était le cas au niveau lycée jusqu'à présent. Évidemment, rien n'empêche de revenir au fil de l'explication à des moments annoncés ou anticipés, de reprendre des propos déjà évoqués pour les développer à l'occasion d'un nouveau repérage, bref, de circuler dans le texte, et de connecter plusieurs passages du texte. La lecture linéaire ne veut pas rendre compte de tous les aspects du texte; la délimitation du texte en un extrait de 20 lignes  environ (de prose continue) et la durée impartie pour l'épreuve orale (8 mn) ne permettront pas une telle prétention à l'exhaustivité. Enfin, cette lecture linéaire qui n'est ni de la paraphrase ni de l'énumération de figures de style, veut reproduire la déambulation subjective normale, crédible, réaliste d'un lecteur dans un texte. L'esprit de l'exercice selon le site ministériel: https://cache.media.eduscol.education.fr/file/FRANCAIS/95/7/RA19_Lycee_GT_2-1_FRA_ExplicationLineaire_1160957.pdf Olivier BARBARANT, Inspecteur Général des Lettres, veut rendre justice au texte, au rapport au texte, au goût du texte par la lecture linéaire: https://lettres.ac-versailles.fr/spip.php?article1492

  • (poésie) Senghor

    Téléchargeable au format pdf, la séquence poésie SENGHOR, Hosties noires (oeuvre intégrale par extraits). Un groupement préparatoire ce panorama présentatif et représentatif de ce genre complexe qu'est la poésie. Il s'agira, avec le professeur en classe, lors de la phase de découverte et de présentation du genre,  de problématiser la séquence , mais ce document pourra  s'avérér également (fort) utile  en vue de préparer le devoir n°6 (ci-dessous). Se préparer aux questions d'oral (2nde partie, dite "entretien") Comment définir "la poésie"? Comment comprendre Michel Houellebecq lorsqu'il affirme en une du quotidien Libération le 02 avril 2013 que "le monde est indigne de la poésie"? Comment comprenez-vous le choix qui opéré pour l'affiche du printemps des poètes édition 2014 (ci-dessous) ? Senghor a été taxé d'écrivain "engagé". Est-ce légitime, normal, justifié, efficace quand on est poète que de vouloir s'engager? Pourquoi selon vous les gens lisent-il (si) peu de poésie? Qu'en est-il de la poésie contemporaine? Quels sont les grands poètes francophones vivants? Quel type de poésie font-ils? La "Négritude": comment la définir? Quelle est son actualité aujourd''hui (années 2000)? La Négritude n'est-elle que littéraire? Trouve-t-on des équivalents de la Négritude francophone dans d'autres aires linguistico-culturelles? Pourquoi le professeur a-t-il choisi Senghor pour la séquence poésie, selon vous? Le genre poétique Deux images qui questionnent le genre poétique cette image que je donne souvent en oral ou oraux de bac : il s'agit de la Une du quotidien national Libération  parue le 02 avril 2013 Autre image à interroger, l'affiche du Printemps des poètes 2014 j'ai demandé en oral blanc à des candidats dubitatifs -alors qu'il n'y a franchement pas de quoi- "pourquoi lui?" Non, les poètes ne sont pas tous morts, ni tous drogués... On trouvera ici au format pdf une interview récente (mars 2014) d'un des poètes contemporains parmi les plus fameux, dans l'hebdomadaire culturel Télérama:  Jacques ROUBAUD interview de Jacques ROUBAUD, mathématicien ET poète (vivant et en bonne santé, merci). De même, Philippe JACCOTTET (qui était au programme des terminales L en 2011) vient d'entrer à la prestigieuse collection de la Pléiade pour ses oeuvres complètes (entrée dans la Pléiade toute fraîche, datant de février 2014). http://www.la-pleiade.fr/Auteur/Philippe-Jaccottet Dans la série "bon à méditer" voici le discours du Nobel de Saint-John Perse le poète français récepteur du Nobel en 1960 et dont toute l'oeuvre poétique est parue chez Gallimard. Les devoirs-maison Le sujet de devoir n°6 (dissertation) de la séquence: à rendre pour le lundi 07 avril 2014 (1ES4, 1S2) ou le mardi  08 avril 2014 (1ESL)  sur feuille. Dans La poésie comme l'amour (1998), le poète et critique Jean-Michel MAULPOIX écrit : Qu’est-ce, en effet, qui, mieux que l’amour, est affaire d’élection et de lien, sinon la poésie qui, comme lui, « risque tout sur des signes ». Tout autant qu’une affaire élective de mots isolés et choisis, extraits de la langue commune et en quelque manière rendus irremplaçables, la langue est dans le poème une affaire de tropes, d’images, de métaphores, c’est-à-dire un vaste système de transferts, de transports et de correspondances : tissages, tissu, réseau de signes. Les choses y comparaissent, « les unes grâce aux mots des autres ». En vous appuyant sur les poèmes étudiés en cours ou fréquentés au fil de vos lectures personnelles, vous expliciterez l’affirmation de Jean-Michel Maulpoix et vous réfléchirez aux enjeux de la poésie. Le sujet de devoir n°7 (devoir de type-bac) à rendre pour le tout début mai 2014 , le sujet du devoir 7,  téléchargeable au format pdf. Césaire sur la Négritude, sur Senghor . Césaire qui lit son poème "dyali" https://www.martinique.franceantilles.fr/actualite/societe/aime-cesaire-100-ans-videos/cesaire-lit-dyali-210393.php La négritude & les droits civiques En peinture, JM BASQUIAT: cf. ce lien fourni par les galleries GAGOSIAN qui exposent et promeuvent Basquiat depuis plusieurs décennies à travers le monde. Sciences politique & sociologie Le cas "Angela Davis" héroïne des droits civiques aux USA, longtemps emprisonnée pour ses combats, ici conférence donnée à l'univ. de CHICAGO: une interview d'Angela DAVIS pour Channel 4 : Le contexte historique autour de Hosties noires Le recueil Hosties noires (1948) s'inscrit dans le contexte douloureux de l'après-guerre, d'autant plus difficile pour Senghor qu'il a fait partie des "tirailleurs sénégalais", c'est-à-dire des troupes coloniales embarquées dans le conflit mondial et maltraité ensuite par une détention ressentie comme absurde au lieu du rapatriement attendu (que ce soit à la démobilisation de 1940 ou bien à la libération de 1944). La non-reconnaissance de cette contribution de guerre, les conditions de détention, le traitement réservé aux troupes noires-africaines a en partie généré ce recueil qui mélange lyrisme, épique mais aussi donc polémique. Pour mieux saisir l'arrière-fond événementiel et historique qui sous-tend une partie du discours de Senghor dans notre recueil, je conseille pour ceux qui s'intéressent à l'histoire coloniale, deux références accessibles: la participation du jeune historien aixois Julien FARGETTAS ici invité par France Inter: https://www.franceinter.fr/emissions/la-marche-de-l-histoire/la-marche-de-l-histoire-04-juillet-2012 Armelle MABON résume ici ses recherches, dans un numéro de la revue Hommes et migrations de 2000. Son ouvrage est disponible aux éditions LA Découverte. La négritude après Senghor Télécharger ce document en forme de brève anthologie qui avec David DIOP, Maryse CONDE, Raphaël CONFIANT ou Patrick CHAMOISEAU réécrit le spages d'une nouvelle Négritude, qui se transforme peu en à peu en "Créolité". Pour comprendre la spécificité de la créolité, concept sociopoliticophilosophique défini par les auteurs créoles eux-mêmes, on peut écouter Chamoiseau en parler lui-même: La négritude côté US Voici l'incipit du roman Invisible man (Ralph Ellison, 1952, US) I am an invisible man. No, I am not a spook like those who haunted Edgar Allan Poe; nor am I one of your Hollywood-movie ectoplasms. I am a man of substance, of flesh and bone, fiber and liquids -- and I might even be said to possess a mind. I am invisible, understand, simply because people refuse to see me. Like the bodiless heads you see sometimes in circus sideshows, it is as though I have been surrounded by mirrors of hard, distorting glass. When they approach me they see only my surroundings, themselves, or figments of their imagination -- indeed, everything and anything except me. Nor is my invisibility exactly a matter of a bio-chemical accident to my epidermis. That invisibility to which I refer occurs because of a peculiar disposition of the eyes of those with whom I come in contact. A matter of the construction of their inner eyes, those eyes with which they look through their physical eyes upon reality. I am not complaining, nor am I protesting either. It is sometimes advantageous to be unseen, although it is most often rather wearing on the nerves. Then too, you're constantly being bumped against by those of poor vision. Or again, you often doubt if you really exist. You wonder whether you aren't simply a phantom in other people's minds. Say, a figure in a nightmare which the sleeper tries with all his strength to destroy. It's when you feel like this that, out of resentment, you begin to bump people back. And, let me confess, you feel that way most of the time. You ache with the need to convince yourself that you do exist in the real world, that you're a part of all the sound and anguish, and you strike outwith your fists, you curse and you swear to make them recognize you. And, alas, it's seldom successful. June Jordan (1936-2002), poétesse, activiste et universitaire américaine dans "Poem about my rights " (in Passion: new  poems 1977-1980) Even tonight and I need to take a walk and clear my head about this poem about why I can’t go out without changing my clothes my shoes my body posture my gender identity my age my status as a woman alone in the evening/ alone on the streets/alone not being the point/ the point being that I can’t do what I want to do with my own body because I am the wrong sex the wrong age the wrong skin and suppose it was not here in the city but down on the beach/ or far into the woods and I wanted to go there by myself thinking about God/or thinking about children or thinking about the world/all of it disclosed by the stars and the silence: I could not go and I could not think and I could not stay there alone as I need to be alone because I can’t do what I want to do with my own body and who in the hell set things up like this and in France they say if the guy penetrates but does not ejaculate then he did not rape me and if after stabbing him if after screams if after begging the bastard and if even after smashing a hammer to his head if even after that if he and his buddies fuck me after that then I consented and there was no rape because finally you understand finally they fucked me over because I was wrong I was wrong again to be me being me where I was/wrong to be who I am which is exactly like South Africa penetrating into Namibia penetrating into Angola and does that mean I mean how do you know if Pretoria ejaculates what will the evidence look like the proof of the monster jackboot ejaculation on Blackland and if after Namibia and if after Angola and if after Zimbabwe and if after all of my kinsmen and women resist even to self-immolation of the villages and if after that we lose nevertheless what will the big boys say will they claim my consent: Do You Follow Me: We are the wrong people of the wrong skin on the wrong continent and what in the hell is everybody being reasonable about and according to the Times this week back in 1966 the C.I.A. decided that they had this problem and the problem was a man named Nkrumah so they killed him and before that it was Patrice Lumumba and before that it was my father on the campus of my Ivy League school and my father afraid to walk into the cafeteria because he said he was wrong the wrong age the wrong skin the wrong gender identity and he was paying my tuition and before that it was my father saying I was wrong saying that I should have been a boy because he wanted one/a boy and that I should have been lighter skinned and that I should have had straighter hair and that I should not be so boy crazy but instead I should just be one/a boy and before that it was my mother pleading plastic surgery for my nose and braces for my teeth and telling me to let the books loose to let them loose in other words I am very familiar with the problems of the C.I.A. and the problems of South Africa and the problems of Exxon Corporation and the problems of white America in general and the problems of the teachers and the preachers and the F.B.I. and the social workers and my particular Mom and Dad/I am very familiar with the problems because the problems turn out to be me I am the history of rape I am the history of the rejection of who I am I am the history of the terrorized incarceration of myself I am the history of battery assault and limitless armies against whatever I want to do with my mind and my body and my soul and whether it’s about walking out at night or whether it’s about the love that I feel or whether it’s about the sanctity of my vagina or the sanctity of my national boundaries or the sanctity of my leaders or the sanctity of each and every desire that I know from my personal and idiosyncratic and indisputably single and singular heart I have been raped be- cause I have been wrong the wrong sex the wrong age the wrong skin the wrong nose the wrong hair the wrong need the wrong dream the wrong geographic the wrong sartorial I I have been the meaning of rape I have been the problem everyone seeks to eliminate by forced penetration with or without the evidence of slime and/ but let this be unmistakable this poem is not consent I do not consent to my mother to my father to the teachers to the F.B.I. to South Africa to Bedford-Stuy to Park Avenue to American Airlines to the hardon idlers on the corners to the sneaky creeps in cars I am not wrong: Wrong is not my name My name is my own my own my own and I can’t tell you who the hell set things up like this but I can tell you that from now on my resistance my simple and daily and nightly self-determination may very well cost you your life Poète, essayiste & critique de jazz, figure majeure de divers mouvements protestataires : LeRoy Jones/Amiri BARAKA (1934-2014) "Notes for a speech" (in Preface to a twenty volume suicide note, 1961) African blues does not know me. Their steps, in sands of their own land. A country in black & white, newspapers blown down pavements of the world. Does not feel what I am. Strength in the dream, an oblique suckling of nerve, the wind throws up sand, eyes are something locked in hate, of hate, of hate, to walk abroad, they conduct their deaths apart from my own. Those heads, I call my "people." (And who are they. People. To concern  myself, ugly man. Who you, to concern the white flat stomachs of maidens, inside houses dying. Black. Peeled moon light on my fingers move under her clothes. Where is her husband. Black words throw up sand to eyes, fingers of their private dead. Whose soul, eyes, in sand. My color is not theirs. Lighter, white man talk. They shy away. My own dead souls, my, so called people. Africa is a foreign place. You are as any other sad man here american. Enfin, à noter que James BALDWIN, l'enfant de Harlem a fait l'objet tout récemment (février 2014) d'une soirée spéciale à l'Odéon, relayée par France Inter qui propose le podcast de la soirée. A titre personnel, confidence pour confidence, celui que j'ai le plus de plaisir, d'émotion à lire est Melvin B.Tolson, un autre poète des années 40 qui repense en permanence la tension pour ne pas dire le conflit cuturel entre l'homme qu'il est (un afroaméricain lettré) , l'homme dont il est issu (l' esclave venu d'Afrique, dont il ne cesse de revivre l'exil) et l'homme que l'Amérique des années 40 voudrait qu'il soit (un noir autant dire, un "invisible" comme le dit Ellison). LENI RIEFENSTAHL chez les Noubas du Soudan Une vision bien différente du noir, plus pris comme un corps (rituel, traditionnel) que comme un individu à portée universelle. et aussi Voici la comparaison de deux démarches, celles de JEAN ROUCH, celle de LENI RIEFENSTAHL ici, sous forme de pdf tabulé et synthétique. Texte complémentaire n°3: David DIOP Un poème datant de 1962, d'un" élève" de SENGHOR Télécharger le poème "Afrique mon Afrique"

  • Les EAF réforme 2019

    L'épreuve écrite (réforme 2019) Durée : 4h Coefficient 5 au baccalauréat général comme technologique Pour le baccalauréat général : un commentaire ou une dissertation Le commentaire Le commentaire porte sur un texte littéraire, en lien avec un des objets d'étude du programme de la classe de première. Le candidat compose un devoir qui présente de manière organisée ce qu'il a retenu de sa lecture et justifie par des analyses précises son interprétation et ses jugements personnels. Le texte proposé pour le commentaire n'est pas extrait d'une des oeuvres au programmes. Cette production écrite est notée sur 20. ou la dissertation La dissertation consiste à conduire une réflexion personnelle organisée sur une question littéraire portant sur l'une des oeuvres et sur le parcours associé figurant dans le programme d'oeuvres. Le candidat choisit l'un des trois sujets de dissertation, chacun étant en rapport avec l'une des oeuvres du programme et son parcours associés. Pour développer son argumentation, le candidat s'appuie sur sa connaissance de l'oeuvre et des textes étudiés dans le cadre de l'objet d'étude concerné, ainsi que sur ses lectures et sa culture personnelles. Cette production écrite est notée sur 20. Pour le baccalauréat technologique : un commentaire ou une contraction de texte suivie d'un essai Le commentaire Le commentaire porte sur un texte littéraire, en lien avec un des objets d'étude du programme de la classe de première, à l'exclusion de l'objet d'étude "littérature d'idées du XVIème au XVIIIème siècle". Le candidat compose un devoir qui présente de manière organisée ce qu'il a retenu de sa lecture et justifie par des analyses précises son interprétation et ses jugements personnels. Le sujet est formulé de manière à guider le candidat dans son travail. Le texte proposé pour le commentaire n'est pas extrait d'une des oeuvres au programmes. Cette production écrite est notée sur 20. ou une contraction de texte + un essai La contraction de texte permet d'apprécier l'aptitude à reformuler une argumentation de manière précise, en en respectant l'énonciation, la thèse, la composition et le mouvement. Elle prend appui sur un texte relevant d'une forme moderne et contemporaine de la littérature d'idées. D'une longueur de mille mots environs, ce texte fait l'objet d'un exercice de contraction au quart, avec une marge autorisée de plus ou moins 10%. Le candidat indique à la fin de l'exercice le nombre de mots utilisés. Le sujet de l'essai porte sur le thème ou la question que le texte partage avec l'oeuvre et le parcours étudiés durant l'année dans le cadre de l'objet d'étude "La littérature d'idées du XVIe au XVIIIe siècle". Pour développer son argumentation, le candidat s'appuie sur sa connaissance de l'oeuvre et des textes étudiés pendant l'année, il peut en outre faire appel à ses lectures et à sa culture personnelles. Cette production écrite est notée sur 20 : la contraction de texte sur 10 et l'essai sur 10. L'épreuve orale (réforme 2019) Durée : 20 minutes (= 10 mn + 10mn) Préparation : 30 minutes Coefficient 5 au baccalauréat général comme technologique Le descriptif L'épreuve se fonde sur le "descriptif des activités" remis par l'enseignant, qui rend compte du travail qu'il a mené avec la classe durant l'année de première. Il prend la forme d'un récapitulatif des œuvres et des textes étudiés, en distinguant ceux qui ont fait l'objet d'une étude détaillée, sur lesquels les candidats peuvent être interrogés dans la première partie de l'épreuve. Sauf mention expliquant et justifiant l'anomalie, chaque objet d'étude doit comporter : pour le baccalauréat général au moins 6 textes susceptibles de donner lieu à une interrogation (3 extraits au minimum pour chaque oeuvre, 3 extraits pour le parcours associé) pour le baccalauréat technologique au moins 4 textes susceptibles de donner lieu à une interrogation (2 extraits au minimum pour chaque oeuvre, 2 extraits pour le parcours associé) Ce descriptif comporte également une partie individuelle indiquant l'oeuvre choisie par le candidat parmi celles proposées par l'enseignant au titre des lectures cursives obligatoires ou parmi celles qui ont été étudiées en classe : cette oeuvre fait l'objet de la seconde partie de l'épreuve. Le descriptif est signé par l'enseignant et porte le cachet de l'établissement. Il est communiqué à l'examinateur au début de l'épreuve. Il dispose des mêmes documents pour l'épreuve et pour sa préparation. Accueil du candidat Après avoir accueilli le candidat, l'examinateur lui indique : le texte et le passage du texte retenu, avec une éventuelle sélection du passage à expliquer si le texte excède le format d'une vingtaine de lignes de prose continue; la question de grammaire posée, qui ne peut concerner qu'un passage de l'extrait faisant l'objet de l'explication de texte. Ces éléments sont indiqués par écrit au candidat, au moyen d'une fiche qui lui est remise et qu'il signe avant de commencer sa préparation. Le candidat a alors 30 minutes de préparation. Première partie de l'épreuve orale : exposé sur un des textes du descriptif Durée : 12 minutes À l'issue de son temps de préparation : Le candidat propose d'abord une lecture à voix haute juste, pertinente et expressive du texte choisi par l'examinateur, après l'avoir situé brièvement dans l'oeuvre ou le parcours associé. (2 points) Le candidat propose une explication linéaire d'un passage d'une vingtaine de lignes, sélectionné par l'examinateur dans le texte, quand celui-ci excède cette longueur. (8 points) Le candidat répond à la question de grammaire posée par l'examinateur au moment du tirage. (2 points) Seconde partie de l'épreuve : présentation de l'oeuvre choisie par le candidat Durée : 8 minutes Cette partie de l'épreuve notée sur 8 points, évalue l'expression orale, en réclamant du candidat une implication personnelle dans sa manière de rendre compte et de faire partager une réflexion sur ses expériences de lecture. Elle se déroule en deux temps successifs, le premier n'étant qu'un point de départ pour les interactions qui le suivent et qui constituent l'essentiel de l'épreuve : Le candidat présente brièvement l'oeuvre (choisie parmi les oeuvres analysées ou données en lectures cursives) qu'il a retenue et expose les raisons de son choix ; le candidat réagit aux relances de l'examinateur qui, prenant appui sur la présentation du candidat et sur les éléménts qu'il a exposés, évalue les capacités à dialoguer, à nuancer et à étoffer sa réflexion, à défendre son point de vue sur la base de la connaissance de l'oeuvre. NOTA BENE L'oral se déroule sur convocation expresse, après les écrits. L'examinateur peut être ou peut ne pas être le correcteur de l'écrit. L'examinateur, tout comme le correcteur de l'écrit, n'est en aucun cas un professeur de l'établissement d'origine. L'ensemble des textes soumis à lecture analytique pendant l'année aura été consigné dans une liste (transmise par votre enseignant, après visa du Proviseur, au Rectorat pour redistribution au centre d'examen en juin) appelée descriptif: ce descriptif est un document officiel et obligatoire le jour de l'épreuve orale. Après un temps de préparation obligatoire et incompressible de 30 minutes, l’épreuve orale face à l’examinateur dure 20 minutes et se compose de deux parties, de 10 mn chacune et comptant chacune pour 10 points. L'examinateur soumet tout d'abord le candidat à une lecture du texte à haute voix, épreuve (2 points) qui réclame de un entrainement régulier, signifie d'emblée un degré de maîtrise et de la langue et du sens d'un texte, et donne le ton pour le reste de l'épreuve. L'examinateur de l'oral, unique et identique pour les deux parties de l'épreuve orale,  écoute sans l'interrompre le candidat qui a sous les yeux les 3 documents autorisés et recommandés (voire obligatoires): son brouillon (il a eu 30 mn pour rassembler ses idées, ses souvenirs du cours) ainsi que son descriptif, et son texte, vierge de toute écriture ou signe distinctif, tout au long de l'épreuve orale, i.e. lors de la préparation ET lors du passage. Les deux sous-épreuves (exposé + entretien) s'enchaînent sans temps de pause intermédiaire. L'élève ne connaît pas sa note en sortant de l'épreuve, les commissions d'harmonisation réunissant les différents jurys devant encore se réunir et statuer sur les notes, voire les réviser, en les ajustant à la moyenne académique. Les attentes de l'examinateur à l'oral Pour la première partie d’explication de texte, l’examinateur va vous juger sur votre connaissance du texte, vérifier que votre analyse est à la fois juste, structurée et argumentée, et qu’elle s’appuie sur des exemples précis tirés du texte. Bien respecter le temps imparti est aussi un critère : gardez un œil sur la montre ! Pour la seconde partie, ses critères reposent essentiellement sur votre réactivité, vos connaissances en matière littéraire, ainsi que vos qualités de communication, d’argumentation et d’expression orale. La réforme 2019 applicable en 2020 juge à l'oral deux aptitudes contradictoires et complémentaires: - en première partie, savoir bien lire un texte et restituer un cours assimilé, - en seconde partie, savoir se détacher du cours et faire valoir une expérience de lecteur ainsi qu'une culture personnelle !

  • La problématique (dans le cadre du commentaire)

    La problématique fixe un cap démonstratif au texte et correspond au projet de lecture. Elle est le grand dénominateur commun de tous les axes du plan. Elle peut immédiatement se dégager de la lecture spontanée du texte et découler des impressions de lecture ressenties. Elle peut aussi s'élaborer au terme d'une collecte d'indices et perception du texte. Elle se place au milieu de l'introduction, entre la présentation-situation du passage à commenter et l'annonce du plan. ATTENTION la problématique et le plan ne se confondent pas: le plan n'étant que la réponse à l'enjeu questionné par la problématique. Chaque candidat peut formuler sa problématique (de sorte qu'aucune problématique n'est attendue a priori par le correcteur) même si un texte littéraire identique va sans doute produire des problématiques au moins convergentes (pour ne pas dire similaires). Une problématique doit être : - unique (une seule question, sur un seul aspect, ample mais unique), (pas de "en quoi le texte est-il d'abord comique puis ensuite tragique?" mais plutôt "en quoi la tonalité du texte est-elle ambiguë?"; - spécifique: adaptée à ce texte en particulier (pas de "en quoi le texte est-il typique d'un extrait de roman?" or on peut imaginer que tous les extraits d'un roman sont, dans la majorité des cas, typiques d'une narration romanesque !) - simple, accessible (ni jargon ni technicisme abscons) (au lieu de "En quoi le texte est-il épidictique?", on demandera plus simplement: "en quoi le texte est-il critique?") - littéraire (de façon à questionner des moyens d'écriture en fonction de fins esthétiques). Cela signifie: pas de questionnement psy sur les personnages: "en quoi le personnage est-il malheureux?" devenant plutôt "comment, en quoi le pathos gagne-t-il tout le texte?"); bref, il s'agit d'adopter un regard d'analyste littéraire, d'expert littéraire. On évitera aussi le questionnement en forme de jugement de valeur péremptoire: "en quoi le personnage a-t-il tort?" qui avec le recul de l'expert en littérature, deviendra plutôt: "en quoi le personnage devient-il anti-héros?"

  • A l'attention de l'apprenti-rédacteur

    [Vaut pour la dissertation et le commentaire] Comment formuler? Comment se relire?

  • Le commentaire

    METHODOLOGIE POUR LE COMMENTAIRE LITTERAIRE Conventions rédactionnelles introduction, développement et conclusion seront entièrement rédigés, sans abréviations ni caractères mathématiques. L'énonciation reste neutre ("nous" de modestie, "on", "le texte", "l'extrait" etc. mais pas de "je".) Présentation On saute une ligne : entre l'introduction et le développement, puis entre le développement et la conclusion. On s'astreint à faire figurer pour chaque paragraphe: un exemple tiré du texte à commenter et un mot-clé (Sinon le paragraphe est incomplet et manque de force). Structure du devoir L’INTRODUCTION Elle doit faire de 5 à 10 lignes Elle se subdivise en 3 parties, clairement délimitées par des paragraphes (avec alinéa d'un carreau au début du paragraphe) Les 3 parties de l'introduction: Amener le sujet, en partant d'une notion très générale parmi celles suggérées : LE TOPOS / L'AUTEUR, son oeuvre, son MOUVEMENT littéraire d'appartenance / LE GENRE LITTERAIRE du texte concerné; Formuler une question de commentaire, une problématique générale, qui va guider l'étude de texte (pour l'oral, il suffit de reformuler la question posée par l'examinateur); Annoncer de façon explicite à l'aide de connecteurs logiques les différents moments de son explication : d'abord nous allons étudier … puis … et enfin … LE DEVELOPPEMENT il comptera deux à quatre pages Il peut faire 2 grandes parties, 3 grandes parties sont néanmoins préférables. Chaque grande partie est annoncée très clairement par une phrase simple : « Il s'agit maintenant d'étudier en quoi … ». Retenir la règle de base : une idée = un paragraphe avec 1 mot-clé et 1 exemple précis. Chaque grande partie (les I/, II/, III/ de votre plan) contiendra une ou deux sous-parties (les 1/, 2/ du plan). En tout le devoir comptera donc minimum 4 sous-parties et dans le cas idéal 6 sous-parties matérialisées par des paragraphes nets. Le commentaire littéraire exige que l’on se concentre sur un seul texte. Aucun intérêt à sortir du texte. Les exemples tirés du texte devront être brefs (=ciblés) et aller à l’essentiel : ainsi, pour un poème si l’on veut citer un effet de rime, pas la peine de reprendre les deux vers concernés, citer la rime ainsi guère/guerre suffit à prouver ce que l’on a dit. L’exemple peut être introduit ainsi : « Ex. : … » L’exemple ne vient qu’à la fin : d’abord on expose son idée, à l’aide d’un mot clé, puis on illustre. Exemple : Le topos de la guerre est au cœur de ce poème, ainsi que le prouve le champ lexical de la violence, présent avec des termes tels que « dépouiller », « piller », « massacre ». On a commencé le paragraphe avec l’idée générale, puis on a fait figurer des mots-clés de l’analyse littéraire tels que « champ lexical » pour enfin en venir à l’exemple, sous forme de termes cités (rappel : un champ lexical commence avec 3 termes). LA CONCLUSION Elle comptera 2 parties, visibles aux alinéas en début de paragraphe : Une phase de récapitulation claire « Afin de montrer… nous avons d’abord vu… puis analysé … afin d’observer enfin… ». Une phase d’ouverture, de questionnement plus large, qui peut partir sur une des directions ci-proposées (éventuellement cumulables entre elles): Le reste de l’œuvre de l’auteur (sa bibliographie), son mouvement littéraire, Le genre littéraire de l’œuvre, Le registre dominant éventuellement (voir comment il est mis en place chez d’autres auteurs, dans d’autres arts), Le topos, le problème littéraire ailleurs, dans le temps, l’espace (à d’autres époques, chez d’autres auteurs, voire dans d’autres pays, voire même dans d’autres arts). Toute référence se fera en langue française (on aura alor soin de donner les oeuvres du domaine étranger dans leur traduction française). LES REFERENCES (vaut aussi pour la dissertation) ATTENTION toute référence se gardera d'être trop générationnelle, trop facile (de circonstance, médiatique) ou à l'inverse, trop confidentielle, trop à la mode. On restera dans les lettres et les arts, avec des références valorisantes et transmissibles. Ainsi, on évitera le clin d'oeil facile aux polémiques récentes de la vie politique, on évitera la référence en forme de simple allusion (sans justification), et on se gardera de verser dans le pédandisme ou le snobisme (à quoi bon citer un moldave ?!). En revanche il est toujours possible de faire valoir une référence plus "risquée" ou inattendue, mais à condition de soigneusement en justifier le recours. Enfin, ne pas oublier que nos correcteurs ont une certaine culture, une formation universitaire déterminée, et qu'ils ont souvent une idée assez nette de ce qu'ils jugent comme étant de la culture admise: il convient donc de se hisser à cette hauteur, plutôt de vouloir imposer le dernier succès de librairie ou le film d'action vu entre copains. Pour vérifier que sa référence est admissible et audible, voir: le manuel scolaire, à l'index des noms cités; le site de France Culture, voir si notre référence y a fait l'objet d'une émission (si OUI, la voie est libre !)

  • La question de grammaire: 2 exemples

    Exemple 1: la négation Tiré du Mariage de Figaro, I, 2 Suzanne. De l’intrigue et de l’argent : te voilà dans ta sphère. Figaro. Ce n’est pas la honte qui me retient. Suzanne. La crainte ? Figaro. Ce n’est rien d’entreprendre une chose dangereuse, mais d’échapper au péril en la menant à bien : car d’entrer chez quelqu’un la nuit, de lui souffler sa femme, et d’y recevoir cent coups de fouet pour la peine, il n’est rien plus aisé ; mille sots coquins l’ont fait. Mais… (On sonne de l’intérieur.) Suzanne. Voilà madame éveillée ; elle m’a bien recommandé d’être la première à lui parler le matin de mes noces. Figaro. Y a-t-il encore quelque chose là-dessous ? Suzanne. Le berger dit que cela porte bonheur aux épouses délaissées. Adieu, mon petit fi, fi, Figaro ; rêve à notre affaire. Figaro. Pour m’ouvrir l’esprit, donne un petit baiser. Suzanne. À mon amant aujourd’hui ? Je t’en souhaite ! Et qu’en dirait demain mon mari ? (Figaro l’embrasse.) Suzanne. Eh bien ! eh bien ! Figaro. C’est que tu n’as pas d’idée de mon amour. Suzanne, se défripant. Quand cesserez-vous, importun, de m’en parler du matin au soir ? Figaro, mystérieusement. Quand je pourrai te le prouver du soir jusqu’au matin. (On sonne une seconde fois.) Suzanne, de loin, les doigts unis sur sa bouche. Voilà votre baiser, monsieur ; je n’ai plus rien à vous. Figarocourt après elle. Oh ! mais ce n’est pas ainsi que vous l’avez reçu. Exemple 2: analyse syntaxique (= découpage de phrase) A partir d'un extrait de Ruy Blas III, 5

  • La lecture (à voix haute)

    Pourquoi lire à voix haute? Aux EAF Avec la réforme 2019 du bac (EAF 2020), les candidats sont plus que jamais évalués sur leur lecture du texte, à voix haute. L'épreuve de lecture d'un texte (connu, puisque étudié pendant l'année scolaire) se place en première partie d'oral (avec l'exposé et la question de grammaire). Le Ministère a identifié les difficultés rencontrées par les élèves, et il avait déjà énoncé les enjeux d'une lecture à voix haute: La lecture à haute voix met en jeu, dans une situation ritualisée qui inclut une volonté de « dramatisation », la voix et le corps, afin de produire une diction spécifique cherchant à agir sur l’auditoire (dimension illocutoire). Elle demande en effet d’ « interpréter » le texte au sens propre (c’est-à-dire lui donner la valeur qu’on lui accorde et la transmettre à autrui), comme un « interprète » en musique (instrumentiste ou chanteur) et au théâtre. Cet exercice est donc plus complexe qu’il n’y parait car il nécessite de mobiliser des compétences de différents ordres. Ainsi, les difficultés à réaliser cet exercice peuvent relever : - de procédures dans le rapport à l’écrit qui restent à consolider, notamment la lecture « fluente », - d'une vitesse de lecture trop faible du fait notamment d’un empan visuel trop réduit, - d'une capacité limitée à mémoriser des groupes de mots ou à anticiper sur les mots qui vont suivre. Critères de réussite Des textes à écouter mise à disposition de livres audio gratuits Enregistrements par des lectrices et lecteurs bénévoles : http://www.audiocite.net/ http://www.litteratureaudio.com fictions France Culture, créations sonores à partir des grands classiques La littérature par les acteurs Marie & Jean-Louis TRINTIGNANT lisent les Poèmes à Lou d'APOLLINAIRE (Théâtre des Amandiers de Nanterre, 2003). Diffusion France Culture. (Accordéon: Daniel Mille) La Comédie Française lit BAUDELAIRE pour France Culture, bac-français 2020 Rachida BRAKNI lit Patrick MODIANO Audrey BONNET lit Marguerite DURAS Guillaume GALLIENNE lit les Surréalistes Anouk GRINBERG lit James Baldwin pour la Maison de la Poésie avec Nicolas REPAC Les conseils techiques des "pros" Les trucs de 3 comédiennes pour gérer et régler sa posture, la clarté et le ton de sa voix, et enfin son stress éventuel. Elsa LEPOIVRE Sociétaire de la Comédie Française https://www.lumni.fr/video/les-conseils-de-lecture-a-voix-haute-delsa-lepoivre Rachida BRAKNI https://www.lumni.fr/video/les-conseils-de-lecture-a-voix-haute-de-rachida-brakni Adeline d'HERMY, Sociétaire de la Comédie Française https://www.lumni.fr/video/les-conseils-de-lecture-a-voix-haute-dadeline-dhermy Par Marina HANDS, Pensionnaire de la Comédie Française #lecture #bac #textes #oral

  • Lien 1e/Tle

    Se préparer à la en terminale (par exemple pour rentabiliser son été) : quelques liens utiles Conseils d’une collègue prof de philo en CPGE (Lycée Vauvenargues, CPGE scientifiques, ML BINZONI) Ceci n'est pas un manuel de philosophie de Charles PÉPIN (Flammarion) (assez scolaire malgré tout : https://editions.flammarion.com/Catalogue/hors-collection/documents-temoignages-et-essais-d-actualite/ceci-n-est-pas-un-manuel-de-philosophie Qui suis-je et si je suis combien? De Richard David PRECHT (se lit de façon plus linéaire mais chaque chapitre forme un tout, il entremêle auteurs classiques et données récentes scientifiques) La philo télégénique Par le prof de philo (à sc. Po) Raphael ENTHOVEN, émission TV sur ARTE "philosophie" qui parlait des notions du programme avec simplicité exactitude. En 25 mn chrono, chaque émission, invitant en plus des spécialités reconnus de la question, problématisait la notion : "nature", "violence", "vérité"... La philo au lycée, en prépa, à Sciences Po le blog de la Pr L. HANSEN-LOVE: http://hansenlove.over-blog.com Réviser ses classiques Sources académiqueq (vérifiée) Académie de Grenoble Une anthologie de grands textes philosophiques: http://www.ac-grenoble.fr/PhiloSophie/category/textes/ Un peu de terminologie: http://www.ac-grenoble.fr/PhiloSophie/category/baccalaureat/reperes/ Académie de Bordeaux: les TICE au service de la philo https://ent2d.ac-bordeaux.fr/disciplines/philosophie/penser-le-numerique-2/ressources/ On air Des questions faussement décalées, naïves ou provocatrices à la radio : « philosophie du Rugby », « philosophie du surf », « la force peut-elle être juste ? », « peut-on forcer quelqu’un à être libre ? », « l’art doit-il être beau ? », « la violence est-elle une vertu ? », « comment rester droit quand tout s’effondre ? » etc. parmi les plus belles questions posées par l’émission… https://www.franceculture.fr/emissions/les-chemins-de-la-philosophie Projet eee du lycée de Sèvres cycle de conférences: https://projet-eee.eu/videos-categories/philosophie/ Et sinon, la bonne copie de bac? Bonus: la philo selon Ernest

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